Webinaire LPPR SIF 1

Présentation des résultats du document « French Research Performance in Context », produit par le SIRIS à la demande de la CURIF.

Orateur : Sebastien Stride (membre du SIRIS, et co-auteur du document).

La présentation est en ligne sur :https://www.societe-informatique-de-france.fr/2020/04/debat-sur-la-lppr-webconf-sif-avec-sebastian-stride-le-7-4-20/ avec les questions réponses.

Une quarantaine de participants ; 90 minutes environ, entre 9.00 et 10.30 le mardi 7 avril.

Conférence en 2 parties (pour chacune : présentation puis questions / échanges) :

Partie 1 – Performance française

Partie 2 – Eléments d’explication

Remarques préliminaires sur le rapport : demande de la CURIF, partant du constat qu’on ne connaît pas l’état de la recherche française ; volonté de comprendre ce qui se passe. Limite de l’exercice : restriction à la recherche de « haute visibilité ».

Partie 1 – Performance française

Les indicateurs sont globalement mauvais pour la France, notamment par rapport à la Chine (qui est prise comme baseline tout au long de la présentation). D’autres pays, notamment anglo-saxons + Allemagne, ont également de mauvais indicateurs (de manière surprenante), par contraste avec des pays « que l’on n’attendait pas » : Danemark, Suisse, Pays-Bas (tous les pays d’Europe n’ont pas été étudiés, seulement certains, supposés être représentatifs).

Sur le plan du financement de la recherche, la France est « dans la moyenne », mais présente l’une des augmentations les plus faibles au cours des dernières années (passant d’une recherche bien financée à une recherche moins bien financée aujourd’hui). Néanmoins, le financement n’est pas corrélé à la performance (certains pays qui ne financent pas plus que la France ont de meilleurs indicateurs).

Au final, des résultats « négatifs » pour la France, mais aussi pour d’autres pays qu’on attendait à un meilleur niveau, tels que l’Allemagne.

Partie 2 – Eléments d’explication

1 – Les « spécificités françaises » : (a) les financements vont vers les organismes nationaux de recherche (CNRS, Inria…) et (b) le financement des universités ne distingue pas enseignement et recherche, ne dépend pas des performances des établissements et alloue peu sur des critères compétitifs.

2 – Les effets de la globalisation de la recherche : (a) l’impact de la langue (les pays qui ont été des phares de la recherche dans la première moitié du XXe siècle, avec des articles rédigés dans leur langue semblent avoir perdu leur influence du fait de l’anglicisation de la publication scientifique : France, Allemagne, Russie…) ; (b) la mobilité internationale de chercheurs de la France est plus faible que d’autres pays (et similaire à celle de la Grande-Bretagne, des USA) : dit autrement, les chercheurs français ne vont pas chercher assez de collaborations internationales. Les pays avec les meilleurs indicateurs sont ceux qui publient plus avec la Chine (ce point n’est pas analysé… peut-être seulement un effet « locomotive » ?).

3 – Causes structurelles : 3 schémas existants : (a) Modèle différencié (Danemark, Pays-Bas, Grande Bretagne) : recherche portée par quelques grandes universités de recherche, et enseignement assuré par de nombreuses universités d’enseignement ; (b) Modèle dual (Allemagne, Japon) : de grandes universités de recherche, des universités d’enseignement et des organismes de recherche nationaux ; (c) Modèle hybride (France) : les organismes de recherche nationaux sont insérés « dans » les universités, qui assurent chacune toutes les missions (enseignement et recherche). Cette intrication entre les organismes de recherche et les universités a un impact sur les classements nationaux : le CNRS, Inria, etc. « masquent » les universités dans les indicateurs. Des structures « mixtes » telles que les UMR induisent des « coûts de transaction énormes » [sic], avec une capacité de prise de décision faible (plusieurs institutions => plusieurs stratégies). Les institutions de recherche sont vues comme vecteur de conservatisme (exemple des instituts CNRS qui rendent structurellement quasi impossible l’émergence de nouveaux domaines de rupture).

4 – Ressources humaines : observation d’une fuite des cerveaux, principalement expliquée par le fait que les critères de choix des chercheurs sont liés aux opportunités professionnelles et aux conditions de travail plutôt qu’au cadre de vie. « Aucune université française ne fournit le niveau de qualité des standards de l’ERC ».

5 – Autonomie : l’impact du financement de la recherche (par exemple sur projet) est important seulement s’il est combiné avec une forte autonomie (administrative, logistique, financière, scientifique). La France est classée 28e sur 28 suivant les indicateurs d’autonomie au niveau de l’Europe.

En résumé : face à un système globale émergeant, les systèmes nationaux (et notamment celui de la France) deviennent incompatibles.