Webinaires LPPR SIF 3

Patrick Lemaire, biologiste, président de la Société Savante en Biologie Développementale, animateur du Collectif des Sociétés Savantes.

L’enregistrement du webinaire et les supports sont disponibles sur le site de la SIF.

LPPR : concilier besoins et idéologies est-il possible ?
Présentation en 3 parties :
1 – Missions et état de la recherche française
2 – LPPR & proposition des sociétés savantes
3 – Réflexions personnelles sur la situation actuelle (pas de prise de notes sur cette partie)

1 – Missions et état de la recherche française
Missions de la recherche publique en France :
a – culturelle ;
b – éducation (enseignement, médiation, interface avec l’éducation nationale) ;
c – conseil et expertise pour les politiques publiques ;
d – transfert industriel de technologies ;
missions parfois antagonistes (e.g. c => indépendance de la recherche publique, alors que d => liens étroits avec le secteur privé).
La LPPR s’intéresse essentiellement à (a) et (d), et dans une moindre mesure à (b) via la question des statuts des personnels et de l’emploi. 

En ce qui concerne le point (a) :
une étude de la relation entre la part mondiale investie dans l’ESR et la part mondiale de publication montre que quelque soit le pays considéré, et donc quelque soit le système mis en oeuvre, le rapport répond à une loi puissance (quasi-linéaire) : taux de publication = 1.19 x (taux d’investissement)^0.89. Cela explique que (A) il y a une relation directe entre les fonds investis par un pays et sa production bibliographique et (B) les pays les plus petits ont une meilleure efficacité (ce qui explique de manière différente le fait déjà observé dans la présentation de S. Stride lors du 1er webinar et qui était alors imputé aux aspects organisationnels et non à l’investissement).
La part d’investissement mondial croît pour certains pays : e.g. Chine, Corée du Sud, Turquie. Dans le même temps, elle décroît pour d’autres : e.g. France, Grande Bretagne, Etats Unis.
La part d’investissement par habitant croît dans des pays tels que l’Allemagne ou le Danemark. Elle décroît légèrement, dans le même temps, en France.

En ce qui concerne le point (b) :
Il est difficile d’établir des comparaisons au niveau international.
En France, suivant les établissements, on observe une forte disparité du taux d’investissement / étudiant, avec un facteur 10 entre les universités et les « grandes écoles » (e.g. ENS). La disproportion s’accroît encore si l’on compare les universités françaises et de grandes universités internationales telles que Berkeley, Cambridge, Harvard.
Fuite des cerveaux : la France perd 1% des ses auteurs scientifiques (ce qui est beaucoup).

En ce qui concerne le point (c) :
Différents conseils scientifiques existent en France pour guider les choix de la république, mais il est difficile d’évaluer leur influence réelle. Une certaine opacité règne également sur la manière dont les membres en sont nommés.

En ce qui concerne le point (d) :
La France est très mal positionnée dans les classements mondiaux relatifs aux collaborations académiques-industrielles, alors qu’elle est très bien positionnée en termes de qualité de recherche brute.
En France, les brevets sont majoritairement déposés par des entreprises établies, alors qu’ils le sont plus significativement par des start-ups dans de nombreux autres pays.

2 – LPPR & proposition des sociétés savantes
Initialement, la communauté académique avait de grandes attentes mais aussi de grandes craintes relativement à la LPPR :
– attentes en ce qui concerne l’augmentation des budgets, des recrutements, de la réforme de l’ANR, de la simplification administrative ;
– craintes en ce qui concerne la précarisation des carrières, un accroissement du pilotage et une augmentation de l’élitisme.
Désormais, un forte défiance s’est instaurée…

Sur le volet du financement de la recherche
Les éléments qui ressortent des enquêtes d’opinion menées auprès de la communauté académique :
– Parmi les points les plus importants à traiter dans la LPPR : le niveau d’investissement, les emplois pérennes et la simplification administrative.
– La communauté académique considère que le monde politique a une mauvaise compréhension des enjeux de la recherche et une méconnaissance du doctorat.
– Elle souhaiterait que les besoins financiers soient couverts à 70% par les budgets récurrents des laboratoires, avec un focus sur le financement de petits travaux exploratoires, et des travaux de « science quotidienne » ; en particulier l’opposé de « grands travaux exploratoires », tels que pratiqués actuellement par les agences de moyens.
– L’ANR est très critiquée (taux de succès, pas d’effet mémoire, opacité des comités, critères de sélection…).

Des propositions faites par le Collectif des Sociétés Savantes :
– Augmenter le budget de la recherche publique civile.
– Améliorer le fonctionnement de l’ANR.
– Soutenir le montage de dossiers européens et mieux aider à la gestion des contrats obtenus.
Estimation du coût additionnel induit : 1,2. Md Eu/an, dont 600 MEu pour atteindre 70% de frais couverts par les budgets des laboratoires et 600 MEu pour atteindre 30% de taux de succès à l’ANR.

Sur le volet de l’emploi
Les éléments qui ressortent des enquêtes d’opinion menées auprès de la communauté académique :
– Importance d’avoir des personnels permanents (EC et, dans une moindre mesure, personnels techniques).
– Recrutement des personnels permanents 3 à 6 ans après thèse.
– 2500 à 3000 MCF / an.
– Pas d’opposition réelle à des procédures de tenure-track, à condition que le processus soit transparent, que le taux de titularisation soit élevé et s’accompagne d’une politique pluriannuelle d’emploi alors indispensable à la garantie de ce taux.
– Possibilité de prendre des congés sabbatiques, sans nécessaire obligation de mobilité.

Des propositions faites par le Collectif des Sociétés Savantes :
– Augmenter les recrutements permanents dans tous les corps de l’ESR.
– Améliorer l’attractivité et le déroulement des carrières académiques.
Estimation du coût additionnel induit : 2 Md Eu/an pour aligner les rémunérations de l’ESR sur les autres corps d’état équivalents ; 300 MEu/an (N.B. : somme assez faible !) pour recruter 2000 C, EC, BIATSS supplémentaires sur 5 ans.

Sur le volet des missions de la recherche publique
Les éléments qui ressortent des enquêtes d’opinion menées auprès de la communauté académique :
– Crucial : faire progresser les connaissances de l’humanité ; contribuer à l’éducation des citoyens.
– Moins crucial : contribuer à la compétitivité des entreprises.
– Les freins à la recherche partenariale : le faible nombre de docteurs en entreprises, et le taux élevés de grands dirigeants issus des grandes écoles (et non des universités).
– La recherche partenariale ne doit pas se limiter à de la prestation de service.

Des propositions faites par le Collectif des Sociétés Savantes :
– Mieux valoriser le doctorat dans la société.
– Encourager les collaborations mutuellement bénéfiques entre les différents acteurs.
– Simplifier le paysage des dispositifs de recherche partenariale.

3 – Réflexions personnelles sur la situation actuelle 
(Pas de prise de notes sur cette partie.)